Polytechnique

Voici le texte de la lettre au lecteur d’un de nos membres, André Cousineau, écrite à la suite du drame de Polytechnique et publiée dans La Presse du 20 décembre 1989 :

Le drame du 6 décembre à Polytechnique n’est pas le fruit du hasard, un acte isolé, mais le produit d’une société malade, pourrie. Une société qui tolère la publicité sexiste, le harcèlement sexuel et la pornographie, qui banalise la violence en nous inondant de films et d’émissions où tirer la gachette devient un acte naturel (avez-vous songé à la quantité de films récents pour les nostalgiques de la guerre du Vietnam?), qui profite de la vente de jouets guerriers (des jeux innocents à prime abord, comme le Nintendo, sont en fait des jeux violents), qui cultive soigneusement des machos dont certains traduiront leur mépris et leur haine envers les femmes par une violence gratuite, qui subventionne les bars soi-disant érotiques mais qui affame les centres d’hébergement pour femmes victimes d’agressions, qui libère des violeurs et des batteurs de femmes pour leur permettre de continuer leurs méfaits, qui tarde à intervenir vigoureusement dans les cas de violence conjugale, qui veut recriminaliser l’avortement, qui encourage les iniquités salariales (se rappeler les récentes négociations salariales), etc.

On a souvent ridiculisé celles et ceux au premier plan de la lutte contre toute cette violence envers les femmes, contre toutes ces injustices, car au fond ces personnes sont une menace pour la société patriarcale du Québec. Cette lutte est d’autant plus vitale que tant que cette violence ne sera pas éradiquée, tant que les femmes n’occuperont pas la place qui leur revient dans notre société, de tels événements risquent de se produire de nouveau.

Je n’ai pas de mots pour décrire la rage devant cette violence ultime contre les femmes. J’ai mal à mon âme d’homme.

André Cousineau

St-Basile-le-Grand

Ci-bas les deux faces du signet remis aux membres en commémoration de l’événement lors du dîner de Noël le 7 décembre 2018 ainsi que le texte au verso du signet.

Quatorze pétales meurtris,

Quatorze vies féminines

fauchées par violence!

La violence, le fruit

d’une blessure!

La violence, un sentiment de rage!

La violence, la mère

de la vengeance!

 

Le respect?

Que deviens-tu?

Où es-tu?

Aimer c’est

d’abord et avant tout,

respecter la vie!